Retour les lectures théâtrale « si
Rousseau m’était conté » de Christophe Tournier
(L'article de
l'EPSM)
Le 13 décembre
2012, dans le cadre du tricentenaire de la naissance de Jean Jacques
Rousseau, le comédien C. Tournier a réalisé ses « lectures
théâtrales », spectacle qui s’est tenu à la cafétéria devant un
public composé de professionnels et de patient. Il nous raconte ici la
genèse de ce projet.
Aborder Rousseau : une épopée riche
d'enseignement et de plaisir
Lorsque
l'Université Populaire, séduits par mes précédentes explorations de
Lafayette et Jaurès, me proposa de faire une biographie théâtrale de
Rousseau. Je le voyais comme profondément misogyne, paranoïaque et
moralisateur. Il avait fomenté par ses idées les heures les plus sombres
de la révolution française, J'étais néanmoins curieux de m'atteler à la
découverte de ce brillant et acariâtre philosophe dont les thématiques
couvrent un large spectre.
Une fois les
connaissances acquises sur le personnage, j'essaie de trouver les moyens
de faire participer le public. Les insultes proférées à l'encontre de
Rousseau ont été le vecteur principal d'intervention du public. Si
l'humour était présent dans le spectacle, il l'est également dans l’œuvre
de Rousseau. En me connectant sur www.rousseauonline.ch, je pénétrais l'ensemble des écrits à partir
de mots clés. Je disséquais quelques livres phares comme les discours sur
les arts et sur l'inégalité, le traité sur l'économie politique, les
rêveries du promeneur solitaire, les lettres à Malesherbes et des extraits
des Confessions. Je naviguais dans nombre d'expositions, d'émissions de
radio et de spectacles. Je partais sur ses traces : sa chambre à
l'Isle saint Pierre, ses maisons à Môtiers et aux Charmettes. Je
découvrais avec émotion ses manuscrits à Genève et à Neuchâtel. A force
d'immersion m'apparaît peu à peu une image originale du héros. Dans le cas
de Rousseau, rapidement s'est imposée l'image d'un personnage entier mais
de bonne composition. La plus grande partie des Confessions, telle une
épopée amoureuse, nous montre un jeune homme espiègle, se laissant
constamment conduire par ses instincts, dont la quête consiste à gagner
l'intimité et la présence de la femme qu'il aime : Madame de
Warens.
Lire Rousseau donne l'impression de déguster un grand
cru. Ainsi, on est gagnant sur tous les plans. On se délecte d'une langue
extraordinaire. On parcourt l'histoire. On flâne dans sa région. On
s'enrichit en explorant la genèse d'idées qui ont enflammé la révolution
française et font encore frémir l'actualité trois cents ans après.
Ainsi, je continue à prendre un immense plaisir
à travers ses lectures, tel un rêveur solitaire profondément ancré dans le
temps qui passe. En retour, le plaisir de proposer ce spectacle à un
public différent à chaque représentation, m'a permis, je l'espère, de
faire partager ces mêmes sensations au public, comme celui de l'EPSM, qui
a courageusement bravé les impressions parfois négatives qu'il pouvait
avoir autour du thème de Rousseau.